Faire face à la Grande Accélération
#01 - Comprendre l'Anthropocène et ses impacts écologiques majeurs. Une clé essentielle pour agir face aux défis climatiques et environnementaux.
"L'avenir n'est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire"
Henri Bergson
Time To Reset en 1 minute
🧭 L’édito : je reviens très rapidement sur le lancement de ce nouveau format et la notion de Grande Accélération. Ni plus, ni moins.
🔎 Le mot pour décrypter la transition : pour cette première édition nous allons évoquer le concept d’Anthropocène.
❇️ 1 ressource pour agir dans la complexité : pas facile d’appréhender les dynamiques de l’Anthropocène. C’est là que le simulateur EN-ROADS intervient.
🔭 5 signaux faibles et tendances lourdes d’un monde en transitions : Anthro-problème, Jour du dépassement, Rythme d’extraction, Etat des ressources et Pénuries.
➕ 1 contenu pour aller plus loin : un effondrement inévitable ? Retrouvez l’interview de Dennis MEADOWS réalisée par la chaîne Youtube Elucid.
💬 Le mot de la fin
🧭 Vers l’infini et au-delà ?
Bonjour à tous et toutes,
Les claviers qui s’agitent, les notifications sur les réseaux, les appels et visioconférences qui se multiplient…
Aucun doute possible, la reprise est bien là.
Et pour enclencher cette reprise dans les meilleures dispositions, j’ai le plaisir de vous présenter le nouveau format de notre newsletter.
Time To Reset : une newsletter hebdomadaire qui t’aide à agir en faveur de la transformation écologique des entreprises et des territoires.
Chaque semaine, je souhaite te faire découvrir des concepts, des notions, des outils, des retours d’expériences, des témoignages pour agir en direction de modèles soutenables et désirables. Un format qui se veut :
Plus complet.
Plus pédagogique.
Et plus interactif.
Mais je vous laisse découvrir cela plus bas.
L’été 2024 a été riche en surprises, divertissements, et divers rebondissements tragi-comiques dont notre pays a le secret.
Au point de créer parfois une confusion entre l’essentiel et l’accessoire.
L’accessoire ? Le bruit médiatique et les polémiques qui s’enchainent les unes après les autres.
L’essentiel : le tunnel de transformation dans lequel nos modes de vie, de production et de consommation sont entrés. Volontairement ou pas.
Pour inaugurer ce format, je vous propose donc d’aborder le phénomène de Grande Accélération.
Vous savez, cette époque qui se caractérise par une intensification rapide et spectaculaire des activités humaines. Un phénomène enclenché depuis la seconde moitié du XXème siècle. Quelques chiffres clés pour saisir l’ampleur du phénomène :
PIB mondial : passé de 4 656 milliards de dollars internationaux (1990) en 1950 à 73 902 milliards en 2015, soit une augmentation de 1 487%.
Population mondiale : passée de 2,499 milliards en 1950 à 7,349 milliards en 2015, soit une hausse de 194%.
Consommation mondiale d'énergie : passée de 100 EJ/an en 1950 à 514 EJ/an en 2015, soit une augmentation de 414%.
Plastique : production mondiale passée de 2 millions de tonnes par an en 1950 à 381 millions de tonnes en 2015, soit une augmentation de 18 950%.
Ciment : production annuelle passée de 130 millions de tonnes en 1950 à 4 180 millions de tonnes en 2015, soit une hausse de 3 115%.
Ammoniac : production passée de 2 millions de tonnes par an en 1950 à 175 millions de tonnes en 2015, soit une augmentation de 8 650%.
➡️ Pour aller plus loin : “The Great Acceleration is real and provides a quantitative basis for the proposed Anthropocene Series/Epoch“
Ok mais quel est le problème avec ce phénomène ?
Quand l’économie va tout va ?
Finalement “vers l’infini et l’au-delà” c’était notre projet non ?
C’est ce que nous allons voir dans cette newsletter.
L’occasion d’évoquer le concept d’Anthropocène et sa principale conséquence: la dérive climatique et environnementale.
Je vous en souhaite une bonne lecture,
Hugo L.
PS : chaque semaine, je vous ferai parvenir cette newsletter. N’hésitez pas à la partager ou à en parler autour de vous pour nous donner de la force 🙏
🔎 L’âge de l’Anthropocène
Le concept
L'Anthropocène est un terme proposé pour désigner une nouvelle époque géologique qui serait caractérisée par l'impact significatif et global des activités humaines sur la planète.
Le terme Anthropocène dérive du grec ancien anthropos (humain) et kainos (nouveau), soulignant ainsi le rôle central de l'humanité dans cette nouvelle ère.
L'Anthropocène marquerait ainsi une rupture par rapport à l'Holocène. L'époque géologique débutée il y a environ 12 000 ans après la dernière glaciation.
Cette nouvelle ère serait caractérisée par l'impact géologique des activités humaines. Autrement dit, ces dernières entrainent des changements environnementaux d'une ampleur comparable aux forces géophysiques naturelles comme les volcans ou les météorites.
Cette notion vient incarner le phénomène de Grande Accélération. Autrement dit l’intensification rapide et spectaculaire des impacts des activités humaines sur l'environnement et les systèmes terrestres.
Ce concept met ainsi en lumière l’impact de l'humanité sur notre environnement et appelle à agir pour atténuer les impacts négatifs et conserver une planète habitable pour les générations futures.
A noter
Les preuves scientifiques de l'impact profond et durable des activités humaines sur la planète sont largement validées par la communauté scientifique. Cependant l'Anthropocène n'est pas encore officiellement reconnue comme une époque géologique.
La question n'est plus tant de savoir si l'Anthropocène est avérée, mais plutôt de définir précisément ses caractéristiques et son début.
🔽 Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin sur cette controverse, je vous ai mis un article à retrouver plus bas dans la newsletter : "Anthropocène… ou anthro-problème ? Une question d’étymologie et surtout d’échelle".
Pourquoi cette notion est importante ?
Le concept d’Anthropocène permet de mettre en lumière l'impact central des activités humaines sur les équilibres terrestres et le vivant.
Des répercussions profondes sur le volet climatique, environnemental... mais également pour le fonctionnement de nos sociétés.
Des changements environnementaux majeurs
Réchauffement climatique : augmentation des gaz à effet de serre due aux activités humaines qui entraîne une hausse globale des températures, avec des conséquences sur les écosystèmes et les sociétés.
Effondrement de la biodiversité : une perte importante de biodiversité (on parle de 6ème extinction de masse), principalement causée par la destruction des habitats naturels et la pollution.
Pollution des écosystèmes : contamination généralisée des sols, de l'air et des eaux par divers polluants (plastiques, produits chimiques, etc.) qui affecte les écosystèmes terrestres et marins.
Anthropisation des espaces : l'expansion des terres cultivées et l'urbanisation croissante transforment radicalement les paysages et les écosystèmes naturels.
Des cycles naturels perturbés
Acidification des océans : absorption accrue de CO2 par les océans, ce qui modifie leur pH, menaçant de nombreuses espèces marines.
Perturbation des cycles biogéochimiques : les cycles du phosphore et de l'azote sont particulièrement affectés par les activités humaines, notamment l'agriculture intensive.
Utilisation intensive de l'eau douce : la surexploitation des ressources en eau douce approche des seuils critiques dans de nombreuses régions.
Des impacts sociaux et économiques structurels
Pression économique : la croissance des activités économiques vient accentuer la pression sur les écosystèmes et ressources naturelles.
Inégalités environnementales : les causes et conséquences de l'Anthropocène sont inégalement réparties. Elles affectent cependant souvent davantage les populations vulnérables.
Pression démographique : la croissance rapide de la population mondiale vient renforcer la pression sur les ressources naturelles et écosystèmes naturels.
❇️ EN-ROADS : un simulateur pour comprendre les dynamiques de l’Anthropocène
En-ROADS est un simulateur climatique mondial qui permet de visualiser rapidement comment différentes politiques climatiques peuvent affecter notre planète.
Le but de cet outil est simple : permettre à chacun, qu'il soit un responsable politique, un dirigeant d'entreprise ou simplement une personne engagée, de comprendre les conséquences à long terme des décisions climatiques.
C’est une boussole. Pour nous aider à prendre des décisions pertinentes face aux défis climatiques mondiaux en comprenant leurs effets : passage à des transports électriques, tarification du carbone, contraintes sur l’usages d’énergies fossiles…
En quelques clics, vous pouvez voir l'impact des décisions sur :
Les émissions de CO2,
La qualité de l'air,
L’évolution du PIB,
La température,
La montée des eaux,
…
Ce simulateur, développé par le MIT et Climate Interactive, est accessible gratuitement en ligne.
🔭 5 actualités pour comprendre les signaux faibles et tendances lourdes de l’Anthropocène
Anthropocène… ou anthro-problème ? Une question d’étymologie et surtout d’échelle
Certes, les perturbations anthropiques sont bien réelles et mesurables à l’échelle de nos vies humaines. Mais leur juste place dans l’échelle des processus et des temps géologiques doit être questionnée avec davantage de modestie pour éviter de tomber, une fois de plus – et une fois de trop – dans le piège de l’anthropocentrisme.
➡️ Retrouver l’article sur The Conversation
Jour du dépassement : l'humanité aura consommé jeudi 1er août l'ensemble des ressources que la nature met un an à produire et à renouveler
Cela signifie qu'à compter de cette date, "il nous faudrait 1,75 Terre en termes de surfaces" pour pouvoir régénérer ce que nous consommons. La date de ce "jour du dépassement" est régulièrement avancée. Elle était fixée au 2 août l'an dernier. Selon le WWF France, "si tous les humains consommaient comme les Français, le jour du dépassement aurait lieu le 7 mai" et "nous aurions besoin de presque trois planètes pour subvenir aux besoins de l'humanité".
➡️ Retrouver l’article sur Franceinfo
L’extraction des ressources naturelles atteint un rythme insoutenable
La consommation de ressources naturelles a triplé en cinquante ans. Si rien ne change, cet usage pourrait avoir augmenté de 60 % en 2060 par rapport à 2020. Une hausse vertigineuse qui, si elle se produit, annihilera tout espoir de limiter le réchauffement de la planète sous la barre des 2 °C et de mettre un terme à l’effondrement des espèces et des écosystèmes nécessaires à notre survie.
➡️ Retrouver l’article sur Le Monde
Perspectives des ressources mondiales 2024
Le rapport illustre comment, depuis l'édition 2019 de ce rapport, les tendances à la hausse de l'utilisation des ressources mondiales se sont poursuivies ou accélérées. Il montre également que la demande de ressources devrait continuer à augmenter au cours des prochaines décennies. Cela signifie que, sans une action urgente et concertée, l'extraction des ressources pourrait augmenter de 60 % d'ici 2060 par rapport aux niveaux de 2020, ce qui entraînerait des dommages et des risques croissants. (…) Le chemin vers la durabilité est de plus en plus escarpé et étroit, et la fenêtre d'opportunité se referme. La science est claire : la question clé n'est plus de savoir si une transformation vers une consommation et une production durables des ressources au niveau mondial est nécessaire, mais comment y parvenir maintenant.
➡️ Retrouver l’article sur UNEP
Les réseaux électriques sous la menace d’une pénurie mondiale de cuivre
Nickel, lithium et uranium sont souvent au cœur des conversations dès qu’il s’agit d’estimer les besoins en minerais générés par l’électrification massive des usages. Le maillon faible pourrait pourtant être un autre métal : le cuivre. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’il faudra construire ou remplacer plus de 80 millions de kilomètres de lignes électriques dans le monde entre 2022 et 2040. Soit 2000 fois le tour de la planète, moyennant 183 milliards de dollars d’investissements.
➡️ Retrouver l’article sur Le Figaro
➕ Dennis Meadows : un effondrement inévitable ?
Dennis Meadows est un scientifique et professeur américain connu principalement pour être l'un des auteurs du célèbre rapport "Les Limites à la croissance" (The Limits to Growth) publié en 1972.
En bref
Dennis Meadows explique dans cette vidéo que la dynamique de croissance démographique et de nos systèmes économiques actuels n’est pas soutenable. Il aborde la nécessité de construire un avenir plus résilient et de trouver des solutions qui prennent en compte le long terme.
8 enseignements
🌍 La population mondiale finira par diminuer car la planète a des limites écologiques que nous ne pouvons pas ignorer.
💡 Les décisions politiques à court terme empêchent de faire de vrais progrès sur le changement climatique.
📉 Des scénarios de dépassement et d’effondrement ont été prévus il y a des décennies, mais nous n’avons pas pris les mesures nécessaires pour les éviter.
🔧 La technologie ne pourra pas résoudre nos problèmes si nous ne sommes pas motivés par des objectifs plus justes et éthiques.
🏛️ La démocratie a souvent du mal à répondre aux défis de long terme parce qu’elle se concentre trop sur les solutions rapides et immédiates.
⚖️ L’inégalité des richesses pèse lourdement sur l’environnement et compromet la durabilité de nos ressources.
🔄 Pour s’adapter aux crises à venir, il est essentiel de développer la résilience de nos sociétés.
💬 L’Anthropocène pour horizon
Que retenir de cette newsletter ?
Que nous le voulions ou non, les activités humaines déstabilisent profondément les cycles naturels et les écosystèmes terrestres.
Et nous n’échappons pas à ce phénomène. Les pratiques de nos modes de vie, de production et de consommation sont et seront transformées pas l’Anthropocène.
L’accessoire : faire l’autruche sur ce sujet en se disant que le problème va magiquement s’auto-résoudre.
L’essentiel : atténuer les répercussions actuelles et à venir et adapter nos entreprises et nos territoires au monde qui vient.
N’hésitez pas à me faire remonter vos remarques et avis sur cette newsletter. Ainsi que vos envies pour les prochaines ! Cela fait partie du processus infini d’amélioration continue.
Format intéressant, pressé de voir les prochains numéros !
Bravo pour cette newsletter. Super sujet. Très intéressant. Très bien documenté.